De quoi j’ai l’air?

«De quoi j’ai l’air ?» se répète Madame.


Madame est tant dans les nuages qu’elle finit par rater son avion.
Une épopée céleste dans le monde de l’air, un des quatre éléments qui composent notre existence.
Madame veut voyager, s’envoler. Un ange l’aide. De sa malle, sortent fusées, papillons, ballons, oiseaux bizarres.
La nuit tombe. Madame est toujours dans la lune.
Elle va découvrir l’air mais aussi le manque d’air, la pollution et une série d’échecs.
Qu’importe : «Tout raté, tout perdu, jamais foutu ! Vie continue, quelle chance! Tout recommence!»

L’AIR DE BACHELARD

L’air s’associe à la rêverie chez ce métaphysicien, ce qu’il appelle «le rêve éveillé». Rien de tel qu’un bon bol de ciel bleu pour imaginer.
«Imaginer, c’est s’absenter, c’est s’élancer vers une vie nouvelle».
On équilibre son être en passant du réel à l’irréel car la sublimation sert l’égo.

Le rêve s’attache ici au vol, à l’envol, et particulièrement vers un avenir.
De tous temps, l’homme a cherché et développé des façons de voler, a imité les objets naturels du vol.
Pour des raisons pratiques, oui, mais aussi parce que «le mouvement de vol donne, tout de suite, en une abstraction foudroyante, une image dynamique, parfaite, achevée, totale».
L’air est également associé à la pureté et, quand on manque d’air, on est sali et on finit par périr. Pourtant, la nuit, cette sensation de pureté s’accomplit dans la contemplation de la voie lactée, la nébuleuse.
Nuages, oiseaux, arbres majestueux : tous les aspects du ciel et de la maîtrise du ciel figurent la plénitude.

Pourtant, après l’ascension, vient la chute, après la brise, la tempête et le froid. L’air, à la fois source d’inspiration et faiseur d’illusions.

LES ILLUSIONS

Il est beaucoup question d’illusion dans ce spectacle: Madame semble vivre d’utopies et rêve de buts inatteignables.
Elle est pourtant secondée par un ange qui accorde, dans un premier temps beaucoup de bénéfices à ses envies.

Mais la réalité s’évertue à lui faire des crocs-en-jambes par malice, bien sûr, mais aussi pour lui rappeler qu’elle veille au grain : la réalité serait cette institutrice têtue qui s’évertue à lui enseigner ses propres vertues.
Après l’illusion vient la perte de l’illusion.

Forcément.
Dans un souci d’équilibre, la nature remet les choses à leur place. Entre être passif totalement et vouloir construire des châteaux en Espagne, il y a un juste milieu. C’est une question de plénitude.
Dans une suite logique, l’illusion s’associe à la notion d’échec.
L’échec ne nous apparaît pas comme une fin en soi, un non-retour.
Tout dépend de ce que l’on en retire.
Il peut rester stérile, s’il reste définitif, mais, si cette stérilité se transforme en simple étape, il devient formateur.
L’échec a des rebondissements dans De quoi j’ai l’air?.
Madame est rêveuse, toujours en retard, mais elle aime apprendre, saisir cette chance de l’échec pour, non seulement aller de l’avant, mais en ressortir plus forte encore.
Elle vit ses défaites ouvertement et, dans un éternel optimisme combattant, elle continue. L’échec devient alors une nécessité, ce qui dans notre monde de «gagnants » peut bouleverser bien des apriori.

Conçu pour les enfants dès 3 ans, ce spectacle est mené de front par une comédienne en solo qui manipule marionnettes, objets, sons et lumières tout en interprétant Madame, clown poétique et tendre

Ce spectacle fait partie de l’histoire de la Compagnie…(Archive LA FRONDE / AEDESIA)